La reine des mélodies, embarquée sur un navire aux couleurs de son pays. Drapeau américain en bannière pour l’apparente flibustière. Si Lana Del Rey est à elle seule toute une histoire, nous nous contenterons ici de nous concentrer sur l’aventure musicale présentée sous forme d’initiales. Elizabeth Woolridge Grant, connue sous le nom de Lana Del Rey, est une formidable chanteuse, mais pas que. Elle a réalisé beaucoup de ses clips elle-même, prouvant par cela bien des talents. Le plus particulier réside justement dans cette capacité à « cinématographier » ses chansons. L’enrobage musical est à chaque fois une réelle mise en scène. Le son en complément quasi visuel, de ce visuel virtuel laissant tant de place à l’imagination. Pour ce « NFR ! », l’entrée en matière proposait avant la sortie officielle de l’album un titre dans l’esprit de ses plus grands succès quant à sa construction et aux éléments qui le constituent. « Mariners apartment complex » et son introduction au piano, mélodie que magnifie aussitôt un arrangement de cordes voluptueux avant qu’une guitare acoustique ne prenne le relais pour accueillir un chant développé en harmonies vocales progressives. Aussi fort et fabuleux que « Summertime Sadness » ou « Video Games ». Ainsi s’entrecroisent mélodies de guitares, chant, échos divers, créant à chaque fois ce petit plus ambient qui renforce le pouvoir attractif de ses chansons. Jack Antonoff est le pilier musicien de cette entreprise, jouant et programmant instruments et synthétiseurs ou autre machine. Il n’y a qu’en cas de besoin spécifique – saxophones, violoncelle et quelques autres instruments -, que le duo fait appel à des musiciens extérieurs. On appréciera le délire complètement débridé de « Venice ***** », un morceau qui s’étale sur plus de neuf minutes, en troisième position sur l’album, où synthétiseur et guitare se lâchent tous azimuts. Il semble que Lana Del Rey se lâche aussi dans les textes, puisque pas moins de trois titres comportent un mot remplacé par des astérisques. Explicit lyrics ? Ou simples colères et injures. Ne serait-ce que ce « Norman Fucking Rockwell » dissimulé sous initiales. Comme ce fier étendard étoilé et strippé qui comporte son lot de désespérances. Une pointe politique et critique en message subliminal parmi cette pluie de chansons fantastiques. « Doin’ Time » et sa citation « Summertime ». Rien de mieux à faire que se laisser porter, comme dans un rêve éveillé. Lana Del Rey le déplore, mais le reconnaît, « L’espoir est une chose dangereuse pour une femme comme moi, mais j’ai de l’espoir ». Méditons sur le sujet et écoutons cet album tout comme on regarde un film.
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