Reprise du chemin Pigalle par François Hadji-Lazaro. Avec le recul, on se dit que ce groupe, dès le premier album, contenait déjà tout des capacités artistiques d’un « homme à tout jouer ». Les autres formations, Los Carayos et Garçons Bouchers auront été le creuset expressif « détaillé » des registres spécifiques, festifs ou punk, bien que ces mots ne soient rien d’autre que des étiquettes, histoire de… Et si l’artiste estime que c’est sous son propre nom qu’il propose la palette expressive la plus large, doutons, car, avec ce nouvel album, on dirait bien que le versant « pop » jamais développé est enfin mis à jour, alors qu’il effleurait sans cesse ici ou là, dans l’entremise des orchestrations. « Des Espoirs » est un titre au jeu de mot que l’on ne qualifiera surtout pas de facile, car tellement emprunt de vérités. Le sens de l’observation de François et ses retranscriptions tout en réelles finesses est un concentré de détails puisant du côté des douleurs humaines pour en extraire les petites lueurs qui brillent encore tout au fond. Montrer que cette lumière, loin d’être insignifiante, reste le déclencheur possible de tous les espoirs. Chaque chanson révèle ainsi le qualificatif donné par l’auteur (nostalgiques, solitaires, banlieusards, niais, d’ailleurs, sépias, rêveurs, poilus…) Et le perfectionnisme musical gagne encore une fois en épanouissement. Le multi-instrumentiste gère d’une délicate parcimonie des arrangements sensibles qui, associés aux mots justes, vont droit au cœur et à l’âme, qu’il parle des autres ou, parfois, de lui-même. A moins qu’il ne se glisse dans la peau de quelque personnage. Il y a dans cet album un exceptionnel naturel, comme l’aboutissement mûri et serein d’une passion qui n’a jamais sombré dans le compromis et la concession. Ecoutez les espoirs emprisonnés de « Chez Mme Eulalie », les espoirs niais de « Ah Si J’Avais Su », les espoirs déçus de « Si On M’Avait Dit » pour vous mettre l’eau à la bouche. Mais le véritable plaisir de ce disque est qu’il s’écoute d’une traite, sans rechigner, avec un réel bonheur. On oublie le temps qui passe.
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