Retourner aux sources du folk avec ce livre phare ? Une des raisons de le lire aujourd’hui ? En route pour la gloire, comme un Sur la route avant l’heure, témoigne de l’histoire des Etats-Unis depuis les années 20 jusqu’aux années 40. Le développement industriel, le pétrole, les travailleurs nomades, les hobos, bien sûr. Un témoignage unique. Un vécu troublant de détails. Woody Guthrie remonte à son enfance. De la grand-mère portant le lait en calèche, aux divers métiers du père, au rôle et à la maladie de sa mère, jusqu’aux restrictions qui conduisent la famille à vivre sans moyens dans des conditions proches de la misère. Puis la traversée des paysages américains par l’intermédiaire des trains de marchandises. Le danger de la rude saison hivernale ou de la police qui contrôle et sévit. Le parcours de Woody Guthrie s’attarde sur le quotidien et les moyens à mettre en œuvre pour pouvoir manger tous les jours. Il n’y a pas de plainte, juste un constat. Et pendant une bonne partie du livre, on comprend que la guitare est là, qu’elle accompagne l’auteur, sans plus. C’est seulement dans la deuxième partie qu’apparait cette étonnante aptitude à capter, presque dans l’improvisation, l’exactitude de la vision et des ressentis. Woody Guthrie témoigne du réel, transcrit le labeur, le risque, la sueur, l’affront, les angoisses, la dureté des conditions dans lesquelles gagner sa croûte. Le folk qu’il invente au jour le jour n’est rien d’autre qu’un blues de blanc, un haut parleur de militant, un amplificateur de peines apte à aider au ralliement. Un blues de toutes les couleurs d’ailleurs. Guthrie est un homme à l’égal de l’homme, quelle que soit sa couleur. Tout cela passe dans ses écrits. Et lorsque ses chansons commenceront à être reprises en cœur, que le « commerce » va logiquement s’y intéresser pour produire de la marchandise, il se rendra à un rendez-vous d’importance dans une grande firme musicale, poireautera bêtement quelques instants, et, concessions stupides sous-entendues et ambiance générale ambiante, comprendra aussitôt que cette voie n’est pas la sienne. La « route pour la gloire » est celle des espoirs que portent les travailleurs cachés sous les trains… une lutte pour la vie. Cette édition comprend les dessins d’époque originaux signés WG.

CET ARTICLE A ÉTÉ RÉDIGÉ PAR :

Marc Sapolin
De l’organisation de concerts aux interviews d’artistes il n’y avait qu’un pas. Plus de vingt-cinq ans de rencontres avec les artistes et toujours la passion de la découverte.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *