C’était à Chablis, le samedi 26 juillet 2014, dans le Parc Le Pâtis, un lieu qui mérite d’être connu, car très agréable avec belle météo, ce qui fut le cas malgré l’annonce inverse (il n’a pas plu). Première édition de ce nouveau festival gratuit organisé par l’association Chablis bouge son cru à fond la treille. Investissement des lieux avec de grands barnums en guise de buvette et zone de restauration, débordant de public à 21 heures au moment où Les Cousins Machins terminent leur set. Un duo guitare-voix et contrebasse pour une chanson réalistico-festive sans grande originalité, mais qui tient la route. Ce qui est étonnant, c’est que le public est alors en dehors de l’espace privilégié qui va de la scène à la régie son, mais bon ! C’est précisément à cet endroit que viendront s’installer en nombre les afficionados de Pigalle un bon quart d’heure avant son entrée en scène. Entrée précédée par la diffusion dans les enceintes de la version originale de « Pigalle » par Georges Ulmer, laissant le temps aux quatre musiciens de s’installer, jusqu’à ce que François s’empare de sa flute traversière et que la version nettement plus énergisante prenne en trombe le relais de l’originale au milieu d’un refrain. Et hop, c’est parti. Fidèle à son registre, François enchaîne avec ses acolytes les perles d’un répertoire remontant jusqu’aux années 80, enrichi des titres du dernier album paru il y a peu. La force tient dans l’urgence des compositions, courtes et directes, allant droit au but. Pas de fioriture, sinon les nécessaires mélodies instrumentales jouées par François avec sa collection d’instruments. Du violon lorgnant du côté des traditions irlandaises, à la vielle à roue bien de chez nous, au banjo très américain dans son influence, ou à la cornemuse joyeusement sentie. En tout, plus d’une dizaine d’instruments, mais jamais de démonstration, juste de l’efficacité. « La Goutte d’Or », l’instrumental punk rappellera l’incontestable puissance d’un mouvement fort qui compte de nos jours bien du monde encore sous influence. Le public est gâté, il aura droit à « Il boit du café », « Marie la rouquine », « Brève rencontre », « Chez Rascal et Ronan », « Le Chaland »… Le son est très correct et François, t-shirt rouge au fidèle tire-bouchon, sans oublier les bretelles centimétrées, sait s’adresser au public en présentant de sa gouaille parfaite l’univers du monde qu’il aime décrire et chanter – il sait aussi faire taire certains maladroits : « Je ne sais pas jouer que de ça, si tu vois ce que je veux dire ! ». Bon, les nouveaux titres sont vraiment remarquables. Toujours dans l’esprit Pigalle – on ne se refait pas – mais avec ce petit côté d’aujourd’hui où tourne par exemple en fond la petite phrase musicale en boucle qui transforme une ambiance de chanson en tournerie plaisante. Avec « Faut pas qu’tu changes », « Arrêt de bus 51 » ou « La sardine », la personnalité artistique sans concession de Monsieur Hadji-Lazaro confirme cet inépuisable potentiel créatif qui le distingue. D’ailleurs, originalité aussi ce soir : la « version longue », donc revue et corrigée, des émouvantes « Lettres de l’autoroute » qui ont participé à la gloire des débuts, tout comme « Dans la salle du bar-tabac de la rue des martyrs » joué en rappel. François avouera après le set avoir trouvé la sono un peu faiblarde par rapport aux exigences du groupe. N’empêche, tout s’est bien passé côté public. Belle soirée d’été bourguignonne.
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