Difficile en abord initial de plonger dans le bain. Forte voix bien éraillée, accompagnement de guitare acoustique standard. Il va falloir creuser l’écoute pour mieux saisir l’univers de Moran. Déjà les guitares électriques qui se posent progressivement pratiquent un jeu de séduction porteur de fruits mûrs. Et c’est précisément dans ce cadre d’arrangements, la plupart du temps développés progressivement sur des fins de titres impétueux, que l’on finit par entrer dans le monde de l’artiste. Heureusement, dès « Crazy », en deuxième position sur le disque, l’ambiance musicale à elle seule entraîne dans ce mouvement de marée montante : « T’es toujours on my mind. Je sais pas comment mentir. » De fait les morceaux ont tendance à s’étirer systématiquement sur les codas et tournent souvent au-delà des quatre minutes. Mais ce n’est pas là motif de reproche. Pourquoi pas ? Moran a trouvé son style. Son expression se rangera du côté des tempos moyens, positionnant l’organe vocal en maître de cérémonie savamment encadré. Des textes personnels, traitant de rupture, de mal de vivre, mais aussi de politique, à sa façon. Un nouvel auteur-compositeur-interprète canadien bienvenu.
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