Impressionné par l’ambiance de « Beauty Lies », reçu d’abord sous forme de clip, l’envie d’en connaître plus sur cet étrange Brian Brain est devenue l’urgence du moment. Ce titre, s’il n’a rien de foncièrement original en soi dans sa présentation, n’en offre pas moins une profondeur particulièrement captivante, entraînée d’abord par la gravité des accords du clavier, puis tout autant- par la voix et tous les éléments appropriés constituant la musculature du morceau. Alors quand l’album arrive, c’est « Try Dry Bread » qui d’office captive. D’abord la métronomie séquencée de cette basse cuivrée qui assoit d’une sacrée présence tout ce qui va suivre. Encore cette voix, pleine, à la puissance posée. C’est dans l’osmose ambiante que tout se passe. Une évolution sur le fil qui amène vers une montée de cuivres savamment opposée à la saturation d’une guitare électrique sinueuse. Herbert Könighofer est le maître du navire, jouant autant le piano, la guitare ou la basse, que les cuivres, du penny whistle à la double bass clarinet, tout en dirigeant ses loops. Cela n’empêche qu’il s’est entouré d’une belle bande de musiciens pour satisfaire le track-listing de cet album, assez rock dur et rentre-dedans avec « The Weapon Is Music », honorant la formule, mais globalement très libre dans ses inspirations. « Resign For Art », par exemple, dont la lenteur ambiante initiale se transforme progressivement en un riff de guitare agressif, ou « Faraday Happy » qui semble inspiré des musiques de comptine et qui se laisse envahir d’éléments sonores épars et joyeux, toujours mélodiques. Alors que « Space Hopper » se la joue dans une étrange et paradoxalement lumineuse obscurité, transpercée de jet de cuivres prenant finalement le dessus, version quasi fanfare de rue. Un jeu de grands écarts tempérés dans lesquels prédominent la musique dans toute sa beauté, l’arme favorite de l’artiste, celle avec laquelle il se bat. Et, comme dans une cathédrale, les grandes orgues ouvrent « Rushing For The 20 Minutes », religieusement, rejointes posément par les éléments signature de la marque de fabrique Brian Brain. Sublime. Quelques accents de David Bowie dans le chant, parfois, de Roxy Music dans l’esprit de la construction musicale. Juste deux éléments pour se faire une petite idée de la haute teneur de cet album, car il ne s’agit d’aucune façon d’esprit copie. On se répète : sublime !
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