« Into The Void » (« Vers le néant »), très belle introduction par le duo Stéphane « Nord » Grangier et Craig Walker, ex-chanteur du groupe Archive. Un texte bilingue qui positionne le grand brouillard qui va envelopper d’une forme de douceur étrange cet album. Nous avions rencontré Nord à ses tout débuts, dans sa cave-studio parisienne où, avec son groupe, il nous avait offert quelques titres en show-case intime. Il y avait déjà cette énergie, et nous avions été surpris par cette capacité vocale assez proche de celle d’un Bertrand Cantat. On pense d’ailleurs beaucoup aux inflexions élancées et rageuses de Romain Humeau (Eiffel) dans les grands moments emportés (« Ce Siècle » qui a « des allures de fou, c’est l’enfer. », « Foule Etrange », « Je M’Egare »…). Une capacité à habiter des titres éminemment bien construits, tous renforcés par la présence d’un orchestre de quarante musiciens. Cet enrobage de forme classique impose une classe saisissante à cet album qui synthétise tout ce qui compose l’univers des musiques actuelles issues du rock, greffant parcimonieusement quelques sonorités électro (« Burning Inside », autre duo – il y en a trois sur le disque -, avec Craig Walker, amplifiant ses arrangements de violon du côté d’une inspiration très Zeppelinienne par moment). Les quinze titres, dont le remix final de « Ce Siècle », s’écoutent comme on regarde un film d’action. Il y a le calme qui précède les tempêtes, la rage qui explose sous les insupportables tensions, puis des retours en grâce apaisants (« Les Mots Du Monde », « Je Ne Voulais Pas T’Aimer »), tel un opéra du nouveau siècle pourvu d’une orchestration en 3D (« Je Fume » et ses effets sonores jouant dans l’espace). Très à l’image de cette drôle d’époque où il faudrait « réapprendre l’amour ».
CET ARTICLE A ÉTÉ RÉDIGÉ PAR :
- De l’organisation de concerts aux interviews d’artistes il n’y avait qu’un pas. Plus de vingt-cinq ans de rencontres avec les artistes et toujours la passion de la découverte.
