Elle oscille entre chant et rap, féminité et arrogance, égotrip et dénonciation. Chilla fait partie de cette nouvelle génération qui brise les codes. À 6 ans, elle commençait le violon. Une adolescence plus tard, elle obtenait son bac, puis s’orientait vers une fac de musicologie. Prise d’une envie de briser les codes, elle s’orienta ensuite vers le rap. La bascule s’est faite un soir entre potes, le deal était de lâcher un freestyle. Elle s’est prise au jeu et n’a plus jamais lâché le HipHop.
Un choix qui lui aura été bénéfique puisqu’elle fut remarquée par les plus grands noms du rap français : Big Flo et Oli, Kery James, Fianso et Féfé. En 2017, elle a sorti son premier EP intitulé « Karma », 10 titres travaillés avec l’un des plus incontournables producteurs français, TEFA.
Pour elle, l’été n’est pas synonyme de plages, mais de scènes. Elle enchaine les dates. Nous avons pu la croiser à Marseille, en première partie de Talib Kweli, puis à Aix-en-Provence à l’occasion du Zic Zak festival.
Entre deux concerts, elle nous a accordé quelques minutes d’interview.
Quels sont les sujets que vous aimeriez aborder en interview et sur lesquels personne ne vous pose de question ?
Ce serait cool si on pouvait éviter de réduire chaque interview à un seul sujet, celui du féminisme. Cela m’a beaucoup frustrée. Bien que ce soit le combat que je mène et que je défends, je n’ai pas envie que mon art soit réduit uniquement à ça. Je trouve important d’en parler et de mettre en avant des textes dans lesquels je me livre, ou dans lesquels je traite d’autres sujets qui me touchent. J’aime aussi qu’on comprenne que dans mon univers il y a énormément de second degré, d’ironie. Ça va se ressentir d’ailleurs sur la suite.
Certains de vos titres sont revendicateurs. Est-ce que vous percevez aujourd’hui un impact bénéfique des messages que vous avez fait passer ? Est-ce que, selon vous, le combat avance ?
Je me rends compte que mes textes ont un écho positif sur les gens. C’est vrai qu’à la base, lorsque j’ai écrit mes textes, je ne savais pas vraiment l’impact que cela allait avoir. Je suis contente si mon message arrive à élever certaines idées et certaines pensées.
Pouvez-vous nous raconter l’histoire d’un de vos morceaux ? Comment la thématique nait et comment le concevez-vous ?
Je peux vous dire que “Sale chienne” est le premier texte que j’ai écrit autour d’une thématique féministe. À la base ce n’était pas du tout pensé comme ça. Vu que j’ai commencé à être exposée, j’ai reçu des commentaires haineux. Et l’un dans l’autre, je ne pouvais pas répondre sur internet. Donc j’ai décidé d’écrire un texte pour dénoncer cela. Je voulais en même temps envoyer un message au rap game pour annoncer mon arrivée. Cela a été fait avec beaucoup d’insolence et énormément de seconds degrés. Je reste convaincue que cela reste très positif de transmettre des vrais messages et de parler de ce qui me touche. Du coup cela se joue entre 50 % de textes engagés et 50 % d’introspection et de partage.
Vous avez 23 ans. Votre album rencontre un franc succès. J’imagine que cela vous booste pour la suite. Quels sont vos futurs projets ?
Je suis très satisfaite du retour obtenu sur mon premier album en effet. Et je suis actuellement sur un projet. Il est prévu pour fin 2018-2019. Je bosse dessus et je suis à fond. Je suis très contente parce que je suis en train de trouver mon identité musicale.
Vous faites partie de cette génération Y. Ainsi, avez-vous un message pour la jeunesse ?
Restez connecté à la réalité. Ne vivez pas trop à travers les réseaux et ce que le monde du web nous apporte, mais prenez tous les utilitaires qu’on nous met en main pour vous en servir comme une arme pour avancer et construire des projets. Ne pas s’en tenir au parcours qu’on voudrait nous imposer, mais tracer sa route avec détermination et positivisme. Il faut rester optimiste et métissé.
Nous remercions l’équipe du ZikZac Festival ainsi que Chilla et son équipe.
CET ARTICLE A ÉTÉ RÉDIGÉ PAR :
- Rédactrice en chef adjointe et webmaster d'Extended Player. Amoureuse du rap français et des bonnes punchlines, je pilote la section rap du mag depuis que j’ai 11 ans (oui, déjà !). En parallèle, je suis communicante freelance et chef de projet web, avec une expertise en e-commerce. Toujours connectée, toujours à l'affût des sons qui parlent et qui touchent !
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