Parmi les références repérables en matière de rock dit « français », dans les années 90 nous avons pu compter sur Dolly, combo à l’efficacité aussi redoutable que celle d’un Silmarils, No One Is Innocent ou Aston Villa. Emmanuelle Monet, chanteuse de Dolly ne s’est apparemment jamais déconnectée de la passion musique. Nous en avons parlé il y a peu à l’occasion de la chronique du dernier album de Noël Mattéï, « L’Echo Des Liens Enfuis », sur lequel elle intervient à plusieurs reprises. Echange de bons procédés – ou plus simplement grande amitié -, Noël est présent sur cet album solo de Manu pour la reprise du titre « à Bout Pas Au Bout », écrit et composé par Noël, sensuel duo arrangé dans l’esprit de cet album. Manu, ici, n’a plus forcément besoin de la puissance des guitares électriques bien soutenues rythmiquement pour s’exprimer. Le concept de ce disque tient dans une ample respiration naturelle, portée principalement par une harpe (Christophe Saunière et un violoncelle (Damien J. Jarry) donnant beaucoup plus qu’une couleur, mais un esprit et une ambiance à ce nouveau répertoire. « Allée Des Tilleuls », en parfait exemple, prend sa source sur une rythmique acoustique, s’imposant comme une ballade-promenade, avec arpèges de harpe et profondeur intimiste des médiums du violoncelle. « Un Baiser Dans Le Cou » passe du chant quasi a capella à une tentation rock maîtrisée où l’électricité de la guitare se positionne dans le plus grand respect. Le duo avec Noël vient renforcer cette notion d’équilibre réussi grâce à la finesse des arrangements. Et puis, pourquoi pas, un titre chanté en japonais, « Amaku Ochiru », trois minutes vingt-deux de douceur, avant d’entrer dans la pièce maîtresse de l’album, « Entre Deux Eaux », pilier central, d’abord chanson, puis développement instrumental avec sitar à l’appui. La belle unité du disque se poursuit avec un titre chanté en anglais, « You Call My Name », puis une version reformulée du titre phare de Dolly, « Je N’Veux Pas Rester Sage », dont les paroles sont signées David Salsedo, à l’époque chanteur de Silmarils, précédemment cité. L’introduction, très typée musique de chambre colle à la perfection à cette relecture, donnant une dimension plus profonde au titre. Avec ces douze titres, Emmanuelle Monet démontre qu’il n’est pas nécessaire de tourner constamment les potards de volume à fond pour se faire entendre, que mots et musique en association sont avant tout destinés à transmettre des émotions dont la variété reflète la vie, ses hauts, ses bas, son intensité. Une maturité qui n’a plus à se cacher dans une colère qui peut être contenue et distillée autrement, croisant le fer l’écoute attentive des bruits du cœur. « L’Hiver », tout en beauté, « Le Paradis », comme la joie d’un feu de camp un soir d’été, montant progressivement en vivacité. Rien à redire sur une clôture sublime : « Je Suis Déjà Parti », reprise de Taxi Girl, à la hauteur de ce généreux rêve affranchi et sans concession.

CET ARTICLE A ÉTÉ RÉDIGÉ PAR :

Marc Sapolin
De l’organisation de concerts aux interviews d’artistes il n’y avait qu’un pas. Plus de vingt-cinq ans de rencontres avec les artistes et toujours la passion de la découverte.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *