Il arrive que l’on craque sur un projet à partir d’un détail. Lorsqu’il est de taille comme celui d’un son de guitare, celui de Juanita Stein, sous très forte influence surf music, normal alors de s’attarder sur le track-listing complet de ce second album. Juanita Stein est guitariste-chanteuse du groupe Howling Bells. Elle s’était essayée une première fois à l’album solo il y a à peine un an. Cette nouvelle expérience est l’aboutissement de la proposition d’une semaine en studio à Austin avec le producteur Stuart Sikes, connu notamment pour son travail avec Cat Power et les White Stripes. Une expérience inédite où Juanita a pu plonger dans les méandres de la créativité immédiate, avec des musiciens qu’elle ne connaissait pas forcément. L’occasion pour elle d’affirmer finalement sa personnalité avec réactivité. Alors si l’album commence plutôt calmement avec le titre « All The Way », très jolie ballade pop, avec déjà de grosses guitares sur les refrains, elle enchaîne direct avec « Forgiver », seul titre enregistré dans d’autres conditions, dans le studio mobile de The Killers, groupe pour lequel elle a assuré la première partie d’une tournée. « Forgiver » est le versant rock’n roll accrocheur, avec son riff électrique entraînant, contrastant avec la douceur d’un refrain aérien. Dès lors, toutes les couleurs sont posées. Présence adéquate de chœurs discrets, avec parfois de légères parties synthétiques en appui, tout cela dans une très grande discrétion, le gros du boulot porté par l’indestructible formule, guitare-basse-batterie. Point fort avec ces lignes mélodiques imprégnées de surf qui font la marque de fabrique de l’artiste, très présentes sur « Get Back To The City », par exemple, musique énervée et chant tout en contrôle. On arrive à « In Your Hands » et sa citation flagrante à l’air du célèbre « You Never Can Tell » De Chuck Berry, référence volontaire. Et quand Juanita Stein décide  d’être « Cool », sa façon de la jouer slow va crescendo sur des refrains suivis d’une hargne guitaristique particulièrement prenante, avec un solo digne de ce nom, sans effet démonstratif, mais ô combien efficace et saisissant. Plus on écoute Juanita Stein, plus on apprécie ce qui finit par apparaître comme la maîtrise parfaite d’un genre, où la voix de la chanteuse, souvent proche de la tendresse, n’a nul besoin de faire le grand écart pour s’affirmer dans les moments les plus échauffés. Les contrastes s’expriment dans un équilibre incroyablement tempéré, sans aucune supercherie formatée. L’album se clôt avec deux magnifiques titres : « Fast Lane » et « French Films », toujours aussi bien habillés de ces brillantes guitares.

CET ARTICLE A ÉTÉ RÉDIGÉ PAR :

Marc Sapolin
De l’organisation de concerts aux interviews d’artistes il n’y avait qu’un pas. Plus de vingt-cinq ans de rencontres avec les artistes et toujours la passion de la découverte.

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