Magique. Impressionnant. Que se passe-t-il ? Comme une tornade qui emporterait tout sur son passage, cet album engendrerait plutôt un effet bénéfique et surtout non destructeur. Tornade toutefois en ce sens qu’il est impossible de résister. Croire un instant qu’il s’agit de soul !? Oui et non. Oui parce qu’il y a réellement un fond tout en émotion avec ce chant si prenant. Et non, parce que cet ensemble de chansons dépasse toutes les bornes stylistiques permettant un classement spécifique. C’est tant mieux. Est-ce parce que son auteur, le londonien Jonathan Jeremiah, descend d’une grande famille où aucune réunion ne se déroulait sans que chacun se doivent de chanter, ensemble ou séparément, impliquant de fait un naturel relativement hors-norme, surtout avec un organe vocal aussi affirmé, imposant et déterminé. Quant à l’histoire de l’enregistrement de ce disque, il a eu lieu dans le studio de Ray Davies, des Kinks, lieu magique dans lequel l’auteur a su convoquer, en plus de ses musiciens, une section de dix-neuf cordes et cuivres. Ce que l’on entend est purement du direct, rien de préfabriqué. Un son ample, prenant, chaleureux, toujours en osmose avec le chant habité et velouté. Chant magnifiquement accordé à des chœurs enveloppants, dès le « Good Day » introductif, titre suivi par « Mountain » et son sifflement entraînant. Ce disque fait montre d’une exceptionnelle richesse dans la maîtrise des compositions présentées. Si un ensemble d’essences apparaît en guise de références précises, sans entrer ici dans le détail, il se trouve que Jonathan Jeremiah ne les a pas perçues personnellement comme on pourrait le croire, histoire justement de références personnelles. Il citera beaucoup Gainsbourg, notamment pour un jeu de basses dédoublées, à savoir une contrebasse en parallèle d’une basse électrique jouée au médiator, ce qui donne déjà une assise forte et particulière. Quant à la soul, elle serait plus le fruit de l’écoute de Paul Weller que des productions américaines, donc « english soul ». Un titre comme « Deadweight » développant trois parties distinctes sur plus de sept minutes semble conçu effectivement comme l’était la face B du fameux « Abbey Road » des Beatles, où s’enchaînent sans coupure une série de titres. Un album tout en beauté et transcendance. Sublime « No One » et son piano mordant. Sensible « Shimmerlove » encordé. Et clôture ensoleillée avec « Yes In A Heartbeat ». Que du bonheur et de l’intensité.
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