C’est à la deuxième personne du singulier que s’adresse au lecteur l’ami Jean-Pierre Kalfon. Ces « souvenirs » annoncés en couverture sont précisés « rock’n rôles » en page de garde. En fait, ce livre est le résultat de propos recueillis par Philippe Rège et déformés par Jean-Pierre Kalfon. La liberté de ton est posée, annonçant d’entrée que, malgré un départ d’en dessous de zéro, l’homme a eu la chance de faire de belles et chaudes rencontres. On va lire comme si l’on écoutait le personnage, puisque c’est ainsi écrit. L’humour du JPK met l’auditeur dans sa poche, qu’il raconte les moments les plus doux comme les plus durs, sachant que ces derniers sont loin d’être rares. Au moins l’artiste ne se pose jamais en pleurnicheur de son sort, conscient d’avoir vécu des moments d’une « intense intensité » assez peu communs. S’il est plutôt « second rôle » que « tête d’affiche », le parcours n’en est pas moins truffé de délicieuses collaborations artistiques, au théâtre, au cinéma, dans la musique. La caractéristique commune est présente sous la forme d’une approche que l’on pourrait qualifier de dilettante – combien de fois exprime-t-il se débrouiller pour faire l’affaire, en n’apprenant par exemple qu’une seule tirade d’une pièce pour obtenir un rôle -, et ce sera toujours au final  un positionnement sans concession, empreint d’exigences quant à la qualité intrinsèque du travail. La lecture de « Tout va bien m’man » est aussi un pur regard-témoignage sur une époque où pouvait encore régner une forme d’insouciance beaucoup moins présente aujourd’hui, non pour dire que c’était forcément mieux avant, mais surtout pour faire le constat de la mutation du monde, aussi bien dans le domaine de l’art que dans les sphères économiques et sociales, tout étant de plus en plus lié, régulé, sans guère laisser de place à la gratuité. Gratuité du geste, gratuité de la création. Le détachement affiché de Jean-Pierre Kalfon a certainement joué le rôle bienveillant de la « roue de secours » face aux intempéries de la vie. A quatre-vingt deux ans, conserver cette jeunesse d’esprit en est le symbole. Et puis, en tant que magazine très porté sur la musique, Extended Player, a forcément un regard intéressé sur le passé musical de Jean-Pierre, dont l’attitude naturelle n’est autre que celle d’un rocker « au cœur tendre ». S’il a pu croiser au hasard de « ses » parcours professionnels, aussi bien Bob Marley que les New York Dolls ou Gainsbourg, on regrettera finalement que certains enregistrements «  à chaud » – comme ces prises avec Marley, par exemple -, n’aient pas été retrouvées. Une vie qui s’inscrit dans l’histoire culturelle française. Et l’on comprendra au fil de la lecture le pourquoi de ce titre lui aussi en apparence décalée.C’est à la deuxième personne du singulier que s’adresse au lecteur l’ami Jean-Pierre Kalfon. Ces « souvenirs » annoncés en couverture sont précisés « rock’n rôles » en page de garde. En fait, ce livre est le résultat de propos recueillis par Philippe Rège et déformés par Jean-Pierre Kalfon. La liberté de ton est posée, annonçant d’entrée que, malgré un départ d’en dessous de zéro, l’homme a eu la chance de faire de belles et chaudes rencontres. On va lire comme si l’on écoutait le personnage, puisque c’est ainsi écrit. L’humour du JPK met l’auditeur dans sa poche, qu’il raconte les moments les plus doux comme les plus durs, sachant que ces derniers sont loin d’être rares. Au moins l’artiste ne se pose jamais en pleurnicheur de son sort, conscient d’avoir vécu des moments d’une « intense intensité » assez peu communs. S’il est plutôt « second rôle » que « tête d’affiche », le parcours n’en est pas moins truffé de délicieuses collaborations artistiques, au théâtre, au cinéma, dans la musique. La caractéristique commune est présente sous la forme d’une approche que l’on pourrait qualifier de dilettante – combien de fois exprime-t-il se débrouiller pour faire l’affaire, en n’apprenant par exemple qu’une seule tirade d’une pièce pour obtenir un rôle -, et ce sera toujours au final  un positionnement sans concession, empreint d’exigences quant à la qualité intrinsèque du travail. La lecture de « Tout va bien m’man » est aussi un pur regard-témoignage sur une époque où pouvait encore régner une forme d’insouciance beaucoup moins présente aujourd’hui, non pour dire que c’était forcément mieux avant, mais surtout pour faire le constat de la mutation du monde, aussi bien dans le domaine de l’art que dans les sphères économiques et sociales, tout étant de plus en plus lié, régulé, sans guère laisser de place à la gratuité. Gratuité du geste, gratuité de la création. Le détachement affiché de Jean-Pierre Kalfon a certainement joué le rôle bienveillant de la « roue de secours » face aux intempéries de la vie. A quatre-vingt deux ans, conserver cette jeunesse d’esprit en est le symbole. Et puis, en tant que magazine très porté sur la musique, Extended Player, a forcément un regard intéressé sur le passé musical de Jean-Pierre, dont l’attitude naturelle n’est autre que celle d’un rocker « au cœur tendre ». S’il a pu croiser au hasard de « ses » parcours professionnels, aussi bien Bob Marley que les New York Dolls ou Gainsbourg, on regrettera finalement que certains enregistrements «  à chaud » – comme ces prises avec Marley, par exemple -, n’aient pas été retrouvées. Une vie qui s’inscrit dans l’histoire culturelle française. Et l’on comprendra au fil de la lecture le pourquoi de ce titre lui aussi en apparence décalée.

CET ARTICLE A ÉTÉ RÉDIGÉ PAR :

Marc Sapolin
De l’organisation de concerts aux interviews d’artistes il n’y avait qu’un pas. Plus de vingt-cinq ans de rencontres avec les artistes et toujours la passion de la découverte.

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