Extendedplayer : Les musiciens sont prévenus ?

 

Edouard Nenez : Oui. Je leur ai dit que s’ils voulaient que l’on continue à faire quelque chose on continuerait. Mais on changera le nom du groupe et peut-être qu’on fera d’autres chansons. Ce nom est trop compliqué.

 

Extendedplayer : Que peux-tu dire de l’évolution « quantitative » du groupe et des lieux dans lesquels vous avez joué ?

 

Edouard Nenez : Au départ c’était quasiment de la chanson a capella dans les bars. Ensuite, avec un batteur et le groupe, il a fallu trouver les lieux susceptibles d’accueillir ce type de spectacle. Je ne veux pas dire de musique, il ne faut pas exagérer. C’est plus compliqué d’un point de vue logistique, mais c’est plus simple aussi parce qu’on fait du rock. Avant c’était un mélange de chansons, d’humour, de rock. Avec les nouveaux musiciens on est plus sur une optique punk-rock. On arrive plus facilement à nous mettre dans une boite. On joue dans les squats, qui disparaissent d’ailleurs, et dans les bars, principalement.

 

Extendedplayer : C’est un réseau qui existe toujours ?

 

Edouard Nenez : Oui. L’an dernier nous avons fait pas mal de concerts dans les salles parisiennes. J’ai l’impression que cette formule-là est plus simple pour les personnes qui programment. Nous correspondons plus au milieu rock puisque c’est ce que nous faisons. En province on joue un peu, comme en Bretagne. J’essaie de trouver des dates, à Montpellier, à Toulouse. Ce qui est chiant, c’est que les gens ne répondent pas à leurs mails. Ils pourraient dire oui ou non. J’ai plusieurs contacts. J’ai téléphoné, on me dit « envoie un mail. » Et aucune réponse. Une réponse permettrait de passer plus rapidement à autre chose. Je réponds toujours à mes mails.

 

Extendedplayer : Vous avez cherché à travailler avec un tourneur ?

 

Edouard Nenez : On avait trouvé quelqu’un, Sophie, qui travaille aujourd’hui à « L’Empreinte », une salle du 77. Bénévole dans le milieu de la musique, elle cherchait à l’époque des groupes pour les faire tourner. Elle nous avait contactés par l’intermédiaire d’une radio, Vallée FM. Elle s’est occupée de nous pendant six mois, période durant laquelle nous avons fait pas mal de concerts, comme la première partie des Fatals Picards. On s’est bien marré. Lorsqu’elle a trouvé ce job, elle ne pouvait plus s’occuper de nous. Mais comme elle faisait partie d’une asso, Coup d’Jus, elle leur a demandé de bien vouloir s’occuper de nous. En fait pendant deux ans ils nous ont trouvé zéro concert. Donc on leur a dit « tant qu’à ne pas jouer, autant ne pas jouer sans vous. » Comme je suis quand même assez gentil, j’ai laissé traîner un petit peu. Ensuite j’ai refait un appel d’offre pour du booking. Une fille de Rennes s’est manifestée, en nous prévenant qu’elle n’avait jamais fait ça, mais pensant que son carnet d’adresses d’attachée de presse faciliterait les choses. Au bout de six mois elle a dit « Non, personne ne vous aime. Personne ne veut vous faire jouer. » Forcément, elle a arrêté.

 

Extendedplayer : Il y a pourtant un réseau et un public pour Didier Super, les Fatals Picards, Ultra Vomit. C’est étonnant pour vous.

 

Edouard Nenez : Certainement qu’ils font ce qu’il faut pour s’en sortir. Qu’ils vont voir les maisons de disques, les tourneurs, ils les tannent pour faire des trucs. Moi je ne fais pas chier le monde. Quand on me dit non ou qu’on ne me dit rien, je me casse. Je ne suis pas du genre à insister, entrer par la fenêtre quand on me sort par la porte. Peut-être que c’est un manque d’ambition flagrant. Pourtant des mots j’en ai envoyé, à des tourneurs, à des agents, à des radios… Je me dis que peut-être un jour il y aura un déclic, que quelqu’un trouvera que c’est bien et voudra s’occuper de nous. Ben rien ! On a été programmés sur Néo, le clip « Connards en Camping-Car » est passé une quinzaine de fois cet été sur Canal +. Quand même c’est sur Canal. Mais il ne se passe rien. C’est une sorte de fatalité. C’est un peu pour ça que j’ai décidé de m’arrêter. Ça ne sert à rien de s’acharner. En 2012 ça fera dix-sept ans que je fais Edouard Nenez et que je pense avoir fait ce qu’il fallait pour que ça marche. Mais ça ne marche pas.

CET ARTICLE A ÉTÉ RÉDIGÉ PAR :

Marc Sapolin
De l’organisation de concerts aux interviews d’artistes il n’y avait qu’un pas. Plus de vingt-cinq ans de rencontres avec les artistes et toujours la passion de la découverte.

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